Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/129

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Si quelque parti ennemi se trouvoit en campagne, notre flambeau pourroit nous trahir.

Ugo lui dit quelques paroles, qu’Emilie ne put entendre. Ils continuèrent d’avancer dans l’obscurité ; et Emilie désirant presque que quelqu’ennemi pût les surprendre, l’idée d’un changement prêtoit à l’espérance ; elle pouvoit à peine imaginer une position plus effroyable que la sienne.

Tout en allant, son attention fut attirée par une légère flamme qui brilloit par momens à la pointe de la pique portée par Bertrand ; elle ressembloit à celle qu’elle avoit observée sur la lance de la sentinelle, la nuit où madame Montoni mourut. La sentinelle lui avoit dit que cette flamme étoit un présage. L’événement qui avoit suivi avoit paru justifier l’assertion, et l’esprit d’Emilie en avoit conservé une impression superstitieuse. L’apparition actuelle la confirma ; elle crut voir le présage de son propre destin. Elle remarquoit dans un morne silence l’éclat et la disparition de la flamme. Bertrand dit à la fin :

Allumons la torche, et cherchons un abri dans les bois. Il se prépare un grand orage : voyez ma lance.