Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/143

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telle rêverie, que Maddelina s’éloigna sans qu’elle s’en aperçût, et elle resta longtemps étrangère à ce qui l’entouroit. Les pleurs enfin arrivèrent à son secours ; ses esprits se calmèrent. Elle cessa de trembler a la vue des malheurs qui pouvoient bien ne pas tomber sur elle, et prit assez de résolution pour détourner sa pensée de dessus ses propres intérêts. Elle se souvint des livres que, dans son départ précipité, elle avoit pourtant mis dans son petit paquet. Elle en prit un, et se plaça auprès de sa délicieuse fenêtre. Ses regards, bien souvent, alloient du livre au paysage ; la nature enchanteresse calmoit peu à peu sa douleur, et ne lui laissoit qu’une douce mélancolie.

Elle resta seule jusqu’au soir ; elle vit le soleil descendre à l’occident, dorer la cime des montagnes, et prolonger leur ombre dans la plaine ; elle le vit étinceler sur les voiles flottantes, et se plonger au fond des flots. Au moment du crépuscule, sa rêverie plus douce la reporta vers Valancourt. Elle réunit les circonstances qui se lioient à la musique nocturne, et tout ce qui appuyoit ses conjectures sur son emprisonnement au château. Confirmée dans l’idée qu’elle avoit entendu sa voix, elle se remit à songer