Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/177

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fait apporter dans le temps qu’ils alloient au pillage ou à quelque chose d’approchant. Ils ont des querelles épouvantables sur la perte et sur le gain ; le fier signor Verezzi perd toujours, à ce qu’ils disent. Le signor Orsino le gagne ; cela le fâche, et ils ont eu des altercations. Toutes les belles dames sont encore dans le château, et je vous avoue qu’elles me font peur, quand il m’arrive d’en rencontrer.

— Sûrement, Annette, dit Emilie en tressaillant, j’entends du bruit, écoutez.

— Non, mademoiselle, dit Annette ; ce n’est que le vent dans la galerie. Je l’entends souvent, quand il ébranle les vieilles portes à l’autre bout. Mais pourquoi ne vous couchez-vous pas, mademoiselle ; vous n’avez pas envie de rester ainsi toute la nuit ? Emilie s’étendit sur la couchette, et pria Annette de laisser brûler la lampe. Annette se mit ensuite à côté d’elle ; mais Emilie ne pouvoit dormir, et elle croyoit toujours entendre quelque bruit. Annette essayoit de lui persuader que c’étoit le vent ; on distingua des pas auprès de la porte. Annette alloit sauter à bas du lit, Emilie la retint, et écouta avec elle dans l’angoisse terrible de l’attente. Les pas ne s’éloignoient pas de la porte ; on mit la main sur