Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/179

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Ludovico alluma la lampe, se rendit à son poste, et Emilie essaya de reposer. Une trop grande variété d’intérêts occupoit son attention ; elle pensoit au récit d’Annette, sur les mœurs dépravées de Montoni et de ses compagnons. Elle pensoit à sa conduite envers elle, et au danger auquel elle venoit d’échapper. À la vue de sa situation actuelle, elle frémit comme à une nouvelle image de terreur : elle se voyoit dans un château, habité par le vice et la violence, hors de la protection des lois et de la justice ; enfin, en la puissance d’un homme dont la persévérance étoit toujours égale, et en qui les passions, et surtout la vengeance, tenoient la place des principes : elle fut forcée de reconnoître encore une fois que ce seroit folie et non pas courage, de braver plus long-temps son pouvoir. Elle abandonna toute espérance d’être jamais heureuse avec Valancourt : elle se décida à traiter le lendemain avec Montoni, et à lui tout abandonner, pourvu qu’il lui permît de retourner en France à l’instant. Ces réflexions la tinrent éveillée fort long-temps ; mais la nuit se passa sans que Verezzi lui causât de nouvelles alarmes.

Dès le matin, Emilie eut un long entretien avec Ludovico ; elle apprit de lui des