Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/21

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entendue ; elle y prenoit encore une espèce d’intérêt, et espéroit sentir quelque soulagement de sa douceur. L’influence de la superstition devenoit chaque jour plus active sur son esprit affaibli par la douleur ; elle congédia Annette, et se détermina à attendre seule. Il étoit encore loin de l’heure où la musique s’étoit fait entendre, et dans le désir de distraire ses pensées et d’oublier un sujet d’affliction, Emilie choisit un des livres qu’elle avoit apportés de France ; mais son esprit, inquiet et agité, ne pouvoit soutenir l’application. Elle alla mille fois à la fenêtre pour écouter les sons qu’elle attendoit ; elle crut un moment avoir entendu une voix, mais tout resta tranquille, et elle se crut trompée par son imagination.

Ainsi passa le temps jusqu’à minuit. À ce moment, tous les bruits éloignés qui murmuraient dans l’enceinte du château, s’assoupirent presqu’à la fois, et le sommeil sembla régner partout. Emilie se mit à la fenêtre, et fut tirée de sa rêverie par des sons fort extraordinaires ; ce n’étoit pas une harmonie, mais les murmures, secrets d’une personne désolée. En écoutant, le cœur lui manqua de terreur, et elle demeura convaincue que les premiers accords