Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/23

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Tout étoit en repos ; ce silence profond, cette figure mystérieuse la frappèrent tellement, qu’elle alloit quitter sa fenêtre, lorsqu’elle vit la figure se glisser le long du parapet, et s’évanouir enfin dans l’obscurité de la nuit. Emilie rêva quelque temps, et rentra dans sa chambre occupée de cette étrange circonstance : elle ne doutoit presque pas qu’elle n’eût vu une apparition surnaturelle.

Lorsqu’elle fut plus tranquille, elle chercha quelqu’autre explication ; elle se rappela ce qu’elle avoit appris des entreprises audacieuses de Montoni. Il lui vint à l’idée qu’elle avoit vu un des infortunés pillés par les bandits et devenu leur captif, et que la musique étoit de lui. Néanmoins, si on l’eût pillé, il n’étoit pas probable qu’on l’eût enfermé au château : les bandits ont plutôt l’usage de tuer ceux qu’ils dépouillent, que de les faire prisonniers ; mais, ce qui surtout détruisoit cette supposition, c’est qu’un prisonnier certainement ne se seroit pas ainsi promené sans garde. Cette réflexion lui fit abandonner sa conjecture.

Elle crut ensuite que le comte Morano avoit trouvé moyen de s’introduire dans ce château ; mais les difficultés, les dangers d’une telle entreprise, se présentèrent bien-