Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dats ; l’habileté nécessaire à la conduite d’une opération compliquée ne s’évaluoit presque pas ; il suffisoit de surprendre l’ennemi, ou de faire sa retraite en bon ordre. L’officier devoit lui-même s’avancer dans une situation si périlleuse, que son exemple seul y pût entraîner les soldats ; et quand les deux partis connoissoient mal leurs forces réciproques, la hardiesse du début en décidoit l’événement. Les Condottieri formoient, en pareils cas, la force principale des troupes ; le pillage suivoit la victoire, et les caractères de ces hommes, par un mélange d’intrépidité et de dissolution, devenoient l’effroi de leurs propres alliés.

Quand ils n’étoient pas engagés, le chef, pour l’ordinaire, étoit dans son château ; et là, ou bien dans le voisinage, tous jouissoient du repos et de l’oisiveté. Leurs besoins quelquefois ne se trouvoient satisfaits qu’aux dépens des villages ; mais d’autres fois leur prodigalité, quand ils partageoient le butin, les empêchoit de se rendre à charge, et leurs hôtes prenoient peu à peu quelques nuances du caractère guerrier. Les gouvernemens voisins paroissoient quelquefois, mais sans une volonté efficace, songer à dissiper ces sociétés militaires ; il leur auroit sans doute été fort difficile d’y