Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/40

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demanda ce qui l’avoit réduite à l’état où elle la voyoit.

En la faisant enlever sur l’invraisemblable soupçon qu’elle avait attenté à sa vie, Montoni avoit exigé de ses agens le plus profond secret sur elle. Il avoit alors deux motifs ; la priver des consolations d’Emilie, et se ménager l’occasion de la faire périr sans éclat, si quelque circonstance confirmoit ses soupçons actuels. La conscience de la haine qu’il avoit dû mériter d’elle, l’avoit conduit naturellement à l’accuser d’une tentative qu’on essayoit contre sa vie. Il n’avoit pas d’autres raisons pour la supposer criminelle, et ne laissoit pas de croire encore qu’elle l’étoit. Il l’abandonna dans cette tour à la plus rigoureuse captivité. Sans remords, sans pitié, il la laissa languir en proie à une fièvre dévorante qui l’avoit mise enfin aux portes du tombeau.

La trace de sang qu’Emilie vit dans l’escalier, avoit coulé d’une blessure que l’un des satellites de Montoni avoit reçue pendant le combat, et qui s’étoit débandée en marchant. Pendant la nuit, ces hommes se contentèrent d’enfermer bien leur prisonnière, et cessèrent de la garder. C’est donc ainsi qu’à la première recherche Emilie trouva cette tour déserte et silencieuse.