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les événemens des autres nuits ; elle s’efforçoit d’en tirer quelque résultat plus certain qu’une conjecture ; mais son imagination étoit alors trop enflammée, son jugement étoit obscurci, et les terreurs de la superstition maîtrisoient encore ses idées.


CHAPITRE III.

Le lendemain Emilie trouva madame Montoni à peu près dans le même état : elle avoit peu dormi, et ces trop courts instans de sommeil n’avoient pu la rafraîchir. Elle sourit à sa nièce, et parut se ranimer à sa vue : elle parla peu, et ne nomma point Montoni. Bientôt après lui-même entra chez elle ; sa femme, apprenant que c’étoit lui, parut fort agitée, et garda un silence absolu. Mais Emilie s’étant levée de la chaise qu’elle occupoit auprès de son lit, elle la pria d’une voix foible, de ne la pas abandonner.

Montoni ne venoit point pour consoler sa femme, qu’il savoit bien être mourante, ou pour obtenir son pardon ; il venoit uniquement pour tenter un dernier effort et arracher sa signature, afin qu’après sa mort tous les biens de Languedoc lui appartinssent, au lieu de revenir à Emilie. Ce fut une scène