Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/64

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ment venir les hommes qui devoient le déposer au sein paisible de la terre. Emilie eut peine à contenir son agitation quand la porte s’ouvrit, et que leurs figures grossières se distinguèrent à la clarté de leurs torches. Deux d’entr’eux, sans parler, levèrent le corps sur leurs épaules, et le troisième les précédant avec un flambeau allumé, ils descendirent tous au tombeau qui se trouvoit dans le souterrain, sous la chapelle.

Ils avoient à traverser deux cours du côté de l’aile orientale du château ; cette partie tenoit à la chapelle, et étoit, comme elle, tout en ruine. Le silence et l’obscurité de ces cours avoient alors peu de pouvoir sur l’esprit d’Emilie ; elle étoit occupée d’idées bien plus lugubres : elle entendoit à peine le cri sourd et effrayant des oiseaux de nuit nichés dans les décombres, et ne remarquoit même pas le vol croisé des chauve-souris. Quand elle entra dans la chapelle, et qu’elle eut traversé les arcades ruinées, les porteurs s’arrêtèrent au haut de quelques degrés qui conduisoient à une porte basse. Leur camarade descendit pour ouvrir, et Emilie découvrit l’abîme ténébreux ; elle vit le cercueil de sa tante porté jusqu’à la dernière marche, et le brigand qui tenoit la torche, avancer pour le recevoir. Tout son courage