Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/71

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de tout ce qu’elle possédoit ; les biens qu’elle me refusa pendant qu’elle existoit, ne sauroient plus tomber que dans mes mains. Je voudrois, pour votre intérêt, vous ôter l’idée ridicule qu’elle vous donna en ma présence, que ses biens seroient à vous, si elle mouroit sans me les céder. Elle savoit bien, à ce moment, qu’elle ne pouvoit m’en priver après elle. Je pense que vous avez trop de raison pour provoquer mon ressentiment par une réclamation injuste. Je ne suis pas dans l’habitude de flatter ; vous pouvez donc regarder mes éloges comme sincères. Vous possédez un jugement supérieur à celui de votre sexe ; vous n’avez aucune de ces foiblesses qui marquent trop souvent le caractère des femmes, l’avarice, l’amour du pouvoir, qui fait trouver aux femmes tant de plaisir à contredire, et qui les fait disputer alors même qu’elles ne peuvent dominer ; si je comprends bien votre disposition et vos idées, vous avez un souverain mépris pour les foiblesses de votre sexe.

Montoni s’arrêta, Emilie garda le silence ; elle le connoissoit trop à fond pour croire qu’il condescendît à une flatterie semblable, s’il ne la croyoit nécessaire à son intérêt. Il n’avoit pas nommé la vanité