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n’entendez même pas. Je veux bien, pour une fois, pardonner l’entêtement de l’ignorance ; la foiblesse de votre sexe, dont vous ne paroissez pas exempte, comporte aussi cette indulgence. Mais si vous persistez, vous avez tout à craindre de ma justice.

— De votre justice, monsieur, répondit Emilie, je n’aurai rien à craindre, j’ai tout à espérer.

Montoni la regarda avec impatience, et sembla méditer sur ce qu’il alloit lui dire.

— Je vois que vous êtes assez foible pour en croire une assertion ridicule ; j’en suis fâché pour vous. Quant à moi, elle m’importe fort peu. Votre crédulité trouvera son châtiment dans ses suites, et je plains la foiblesse d’esprit qui vous expose aux punitions que vous me forcez à vous préparer.

Vous trouverez, monsieur, dit Emilie avec douceur et dignité, vous trouverez la force de mon esprit égale à la justice de ma cause ; et je puis souffrir avec courage quand je résiste à l’oppression.

Vous parlez comme une héroïne, dit Montoni avec mépris ; nous verrons si vous souffrirez de même.

Emilie garda le silence, et il sortit.

En se rappelant qu’elle résistoit ainsi pour les intérêts de Valancourt, elle sourit