Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/88

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ponse, elle n’entend rien. Le silence continua de régner : son impatience augmenta avec ses inquiétudes ; elle répéta la question, mais elle n’entendit d’autre bruit que les sifflemens de l’air à travers les créneaux qui s’avançoient au-dessus d’elle ; elle s’efforça de se consoler, en se persuadant que l’étranger, quel qu’il fût, s’étoit trop éloigné avant qu’elle lui parlât. Si Valancourt eût entendu et reconnu sa voix, il étoit sûr qu’il auroit répondu. Elle réfléchit ensuite que la prudence, et non pas l’éloignement, avoit pu l’engager à se taire ; mais l’ouverture que cette idée lui donna, changea son espoir et sa foie en terreur et en chagrin. Si Valancourt étoit dans le château, sans doute il y étoit prisonnier ; il auroit été pris avec les troupes françaises, qui dans ce moment combattoient en Italie, ou bien il auroit succombé en faisant effort pour la rejoindre. Si même dans ce cas il avoit reconnu la voix d’Emilie, il auroit craint de lui répondre en présence de ses gardiens.

Elle avoit d’abord espéré avec transport : maintenant elle croyoit et redoutoit ; elle redoutoit d’apprendre que Valancourt fût auprès d’elle. Inquiète pour sa sûreté, elle ignoroit elle-même à quel point l’espérance