Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/104

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permirent à Emilie de considérer cette figure, dont pendant son absence elle avoit essayé de recueillir tous les traits : elle vit avec regret qu’elle n’étoit plus la même. Elle pétilloit comme autrefois d’esprit et de feu, mais elle avoit perdu beaucoup de cette simplicité, et quelque chose de cette bonté franche, qui en faisoient le principal caractère : c’étoit toujours pourtant une figure intéressante. Emilie croyoit voir dans les traits de Valancourt un mélange d’inquiétude et de mélancolie. Il tomboit quelquefois dans une rêverie passagère, et sembloit faire effort pour en sortir ; d’autres fois, il regardoit fixement Emilie, et une espèce de frémissement sembloit agiter son ame : il retrouvoit dans Emilie la même bonté, la même beauté simple, qui l’avoient enchanté quand il l’avoit connue. Le coloris de son teint avoit un peu pâli, mais la douceur s’y peignoit toujours, et cette teinte mélancolique, mêlée à son sourire, le rendoit encore plus touchant.

Elle lui raconta les plus importantes circonstances de ce qui lui étoit arrivé depuis qu’elle étoit partie de France. La pitié, l’indignation, tour-à-tour pénétroient Valancourt au récit des atrocités de Montoni. Plus d’une fois, tandis qu’elle parloit de sa