Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/114

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estime de ne pas confier leur bonheur à de telles mains. J’ai vu moi-même le chevalier engagé au jeu avec des hommes que je frémissois de regarder : si vous doutez encore, vous pouvez consulter mon fils.

— Je ne doute pas, monsieur, des faits dont vous avez été témoin, ou que vous affirmez, dit Emilie en succombant à sa douleur ; le chevalier peut-être a été jeté dans des excès où il ne retombera plus ; si vous aviez connu la pureté de ses premiers principes, vous pourriez excuser mon incrédulité actuelle.

— Hélas ! répondit le comte, il est bien difficile de croire ce qui nous afflige ; mais je ne veux point vous consoler par de fausses espérances. Nous savons tous combien la passion du jeu a d’attraits, combien il est difficile de la vaincre. Le chevalier peut-être se corrigeroit pour un temps, mais il retourneroit bientôt à ce funeste penchant. Je crains la force de l’habitude, je crains même, que son cœur ne soit corrompu. Et pourquoi voudrois-je vous le cacher ? le jeu n’est pas son unique vice ; il paroît avoir pris le goût de tous les plaisirs honteux.

Le comte hésita, et se tut ; Emilie, presque hors d’état de se soutenir, attendoit dans un trouble toujours croissant, ce qu’il