Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/128

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ennemi, Valancourt ; il est mon ami, cette considération seule devroit vous le faire regarder comme le vôtre. — Votre ami, dit vivement Valancourt : depuis quel temps est-il donc votre ami, pour vous faire si promptement oublier votre amant ? Est-il votre ami ? celui qui vous a demandé de préférer M. Dupont ; Dupont, qui, dites-vous, vous a ramenée d’Italie ! Dupont qui je le dis, moi, m’a ravi votre cœur ! Mais je n’ai pas le droit de vous interroger : vous êtes maîtresse de vous-même ; ce Dupont, peut-être, ne triomphera pas long-temps de mon malheur. Emilie, plus épouvantée que jamais de la fureur de Valancourt, lui dit : — Au nom du ciel, soyez raisonnable ! Calmez-vous ! M. Dupont n’est pas votre rival, le comte n’est pas son défenseur : vous n’avez point de rival ; vous n’avez d’ennemi que vous-même ! je vois plus que jamais que vous n’êtes plus ce Valancourt que j’ai tant aimé.

Il ne répondit point : les bras appuyés sur la table, il gardoit un morne silence. Emilie restoit muette et tremblante, et n’osoit le quitter.

— Malheureux, s’écria-t-il soudain ! je ne puis me plaindre sans m’accuser ! Pourquoi fus-je entraîné dans Paris ? pourquoi ne me