Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/134

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être heureuse. Je n’ai pas, il est vrai, le mérite du sacrifice ; et je n’eusse jamais eu la force de vous rendre à vous-même, si votre prudence ne l’eût exigé.

Il s’arrêta un moment. Emilie tâchoit de retenir ses larmes ; elle étoit prête à lui dire : — Vous parlez à présent comme vous parliez autrefois. Mais elle garda le silence. — Pardonnez-moi, Emilie, reprit-il, toutes les souffrances que je vous ai causées. Pensez quelquefois à l’infortuné Valancourt ; souvenez-vous que sa seule consolation sera de savoir que sa folie ne vous a pas rendue malheureuse. Les larmes inondoient les joues d’Emilie. Il alloit retomber dans les accès du désespoir. Emilie s’efforça de rappeler son courage, et de terminer une entrevue qui augmentoit leur commune affliction. Valancourt vit ses pleurs, il la vit se lever ; il fit un nouvel effort pour maîtriser ses sentimens et calmer ceux d’Emilie. Le souvenir de ce douloureux moment, lui dit-il, sera pour l’avenir ma sauve-garde. Oh ! jamais l’exemple, la tentation ne pourront ni me séduire, ni m’entraîner. Le souvenir de ces pleurs que vous versez pour moi, élèvera mon ame au-dessus du danger.

Emilie, un peu consolée par cette assurance, répondit : — Nous nous séparons