Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/17

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premier coup-d’œil, si jamais être humain y avoit mis les pieds. Le chemin qu’ils tenoient pouvoit confirmer cette erreur : des herbes hautes, une prodigieuse végétation, annonçoient que du moins les passans y étoient rares.

À la fin, on entendit de très-loin les clochettes d’un troupeau : bientôt après, ce fut le bêlement des brebis, et l’on reconnut le voisinage de quelque habitation humaine. Les lumières que Ludovico avoit vues, avoient été long-temps dérobées par de hautes montagnes. Ranimés par cette espérance, les voyageurs doublèrent le pas ; et sortant de leur défilé, ils découvrirent une des vallées pastorales des Apennins, faite pour donner l’idée de l’heureuse Arcadie. Sa fraîcheur, sa belle simplicité, contrastoient majestueusement avec les sommets neigeux des montagnes d’à l’entour.

L’aube du matin blanchissoit l’horizon : à peu de distance, sur le flanc d’une colline, qui sembloit naître aux premiers regards du jour, la petite troupe distingua la ville qu’elle cherchoit, et à laquelle elle arriva bientôt : ce ne fut pas sans peine qu’ils y trouvèrent asyle et pour eux et pour leurs chevaux. Emilie demanda qu’on ne s’y arrêtât pas plus de temps qu’il ne seroit nécessaire ;