Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/184

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grands miroirs de Venise, tels qu’à cette époque on n’en fabriquoit point en France, réfléchissoient de tous côtés ce riche appartement. Ils avoient autrefois réfléchi des fêtes brillantes : c’est-là que la marquise tenoit les nombreuses assemblées qui suivirent son mariage.

— Ah ! dit le comte à Henri, en sortant d’une rêverie profonde, combien ce lieu est changé depuis que je ne l’avois vu ! J’étois jeune dans ce temps, et la marquise étoit dans la fraîcheur de sa beauté. Il se trouvoit ici bien d’autres personnes qui ne sont plus. C’est-là qu’étoit l’orchestre, et nous formions tant de contredanses que le château en retentissoit. Les échos, aujourd’hui, ne répètent qu’une foible voix, qui bientôt elle-même ne se fera plus entendre ! Mon fils, souvenez-vous-en, j’ai été jeune comme vous l’êtes, et vous passerez comme vos prédécesseurs, comme ceux qui dansoient et chantoient dans ce brillant appartement. Mais de telles réflexions sont inutiles ; elles seraient même déplacées, si elles n’apprenoient pas même à se prémunir pour l’éternité. Mais c’est assez ; avançons.

Ludovico ouvrit la chambre à coucher, et le comte en entrant fut frappé en voyant l’air funéraire que conservoit l’ameuble-