Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/188

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pas disposé à dormir, il tira de sa poche le livre dont il avoit parlé. C’étoit un recueil de vieux contes provençaux. Ludovico raccommoda son feu, moucha sa lampe, rapprocha sa chaise, et se mit à lire. L’histoire sur laquelle il tomba captiva bientôt toute son attention.

Le comte pendant ce temps étoit retourné dans la salle à manger, où tout le monde l’attendoit. Chacun s’étoit retiré au cri perçant de Dorothée ; et l’on fit mille questions sur l’état de l’appartement. Le comte railla les uns et les autres de leur retraite précipitée et de leur foiblesse superstitieuse : et l’on en vint à cette question : Si les âmes séparées des corps ont le pouvoir de revenir sur la terre ; si même, dans ce cas, les esprits peuvent devenir visibles ? Le baron étoit d’opinion que le premier effet étoit probable, et que le second étoit possible. Il s’efforçoit de justifier son assertion : par les autorités respectables, soit anciennes, soit modernes, qu’il citoit. Le comte se prononça contre lui. La conversation se prolongea, se soutint de part et d’autre avec autant d’esprit que de franchise, et chaque parti conserva son opinion. L’effet de l’entretien fut différent auprès des auditeurs. Quoique les argumens du comte