Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/194

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et magnifiques des convives, formoient une richesse dont rien n’approche en ce siècle dégénéré.

Un soir qu’il étoit sorti tard du banquet, s’étoit retiré dans sa chambre, et avoit renvoyé ses pages, il fut surpris d’appercevoir un étranger dont l’extérieur étoit noble, mais dont la figure étoit triste et abattue. Croyant que cette personne s’étoit enfermée dans l’appartement, puisqu’il paroissoit impossible qu’elle eût traversé si tard l’antichambre sans que les pages l’eussent remarquée, le baron appela hautement ses écuyers, et tira son épée pour se mettre en défense. L’étranger s’avança lentement, et lui dit qu’il n’avoit rien à redouter ; que sa visite n’avoit rien d’hostile, et qu’il venoit lui communiquer un secret terrible dont il étoit nécessaire qu’il fût instruit.

Le baron, appaisé par les manières courtoises de l’étranger, le regarda quelque temps en silence, et remit son épée dans le fourreau : il le pria ensuite d’expliquer les moyens par lesquels il s’étoit procuré un accès dans la chambre, et le dessein de cette singulière visite.

Sans répondre à ses questions, l’étranger dit qu’il ne pouvoit pas alors s’expliquer, mais que, si le baron vouloit le suivre au