Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/33

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dre que son passage en France étoit désormais assuré. Soulagée de la crainte qu’on ne la poursuivît, heureuse de l’espoir de revoir bientôt sa patrie et le pays qu’habitoit Valancourt, elle reprit une gaîté qu’elle n’avoit guère connue depuis la mort de son père. Dupont découvrit à Livourne que son régiment étoit embarqué pour la France ; il en eut une extrême joie, parce qu’autrement, il n’auroit pu y accompagner Emilie, sans encourir les reproches de sa conscience, et le mécontentement de ses chefs. Il sut contraindre sa passion, jusqu’au point de ne la point exprimer à Emilie, et la força elle-même de l’estimer et de le plaindre, puisqu’elle ne pouvoit pas l’aimer. Il s’occupa de l’amuser, en lui montrant les environs de la ville ; ils se promenoient sur le rivage, sur les quais couverts de peuple. Emilie prenoit intérêt à l’arrivée, au départ des vaisseaux ; elle partageoit la joie du retour ; et quelquefois attendrie par la douleur des amis qui se séparoient, elle mêloit une larme à celles qu’elle leur voyoit répandre.