Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/62

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effroi une si immense étendue d’eau. De loin elle ne l’avoit remarquée qu’avec ravissement et surprise ; mais elle eut besoin d’un grand effort pour surmonter sa crainte, et suivre son père dans le bateau.

Elle contemploit en silence le vaste horizon qui bornoit seul la vue de l’océan. Une émotion sublime luttoit contre le sentiment du danger ; un zéphyr léger se jouoit à la surface des ondes, caressoit les voiles, et agitoit le feuillage des forêts qui couronnoient plusieurs milles sur la côte. Le comte, en les voyant, sentoit l’orrgueil de la propriété autant que le plaisir d’une vive admiration.

À quelque distance, dans ces bois, se trouvoit un pavillon, autrefois l’asyle des plaisirs, et toujours, par sa situation, intéressant et romantique. Le comte y avoit fait porter du café et des rafraîchissemens. Les rameurs y dirigèrent leur course, en côtoyant les sinuosités du rivage ; on suivoit un promontoire couvert de bois, et la circonférence d’une baie, tandis que dans un bateau de leur suite, les domestiques donnoient du cor et d’autres instrumens à vent, dont les sons, secondés par les échos des rochers, alloient expirer sur les vagues. Blanche ne craignoit plus ; une délicieuse