Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/67

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che soupiroit, versoit presque des larmes, et ses pensées, comme les accords, sembloient monter jusqu’au ciel. Tandis que le ravissement et le respect maintenoient le silence dans le bateau, une procession de religieuses voilées de blanc sortit lentement du cloître, et passa dans les bois pour faire le tour de l’édifice.

La comtesse fut la première à retrouver la parole. — Cette hymne et ces religieuses sont d’une tristesse accablante, dit-elle ; la nuit nous gagne, retournons au château, il sera nuit avant que nous soyons arrivés.

Le comte leva les yeux, et s’apperçut qu’une tempête menaçante avoit avancé les ténèbres. Elle se formoit à l’orient, et la pesante obscurité qu’elle répandoit, contrastoit avec le brillant éclat du couchant. Les bruyans oiseaux de mer tournoyoient sur les flots, y plongeoient leur plumage, et fuyoient vers quelque retraite éloignée. Les matelots faisoient force de rames ; mais le tonnerre qui grondoit de loin, les larges gouttes qui commençoient à tomber, déterminèrent le comte à chercher un abri dans le monastère. Le bateau changea de direction. À mesure que les nuages approchoient vers l’occident, leurs flancs noirâtres jetoient de sombres éclairs, qui sembloient,