nir souvent les voir. L’abbesse la reçut avec cette bonté maternelle dont elle lui avoit déjà donné des preuves ; et les religieuses lui témoignèrent leur amitié. Ce couvent, qu’elle avoit si bien connu, réveilla ses tristes souvenirs, mais il s’en mêloit d’autres ; elle rendoit grâces au ciel de l’avoir fait échapper à tant de dangers ; elle sentoit le prix des biens qui lui restoient ; et quoique le tombeau de son père fût souvent arrosé de ses larmes, sa douleur n’avoit plus la même amertume.
Quelque temps après son arrivée au monastère, Emilie reçut une lettre de son oncle, M. Quesnel, en réponse à la sienne, et à ses questions sur ses affaires qu’il avoit prétendu gérer en son absence. Elle s’étoit informée sur-tout du bail de la Vallée, qu’elle desiroit d’habiter si sa fortune le permettoit. La réponse de M. Quesnel étoit froide et sèche comme elle s’y étoit attendue ; elle n’exprimoit ni intérêt pour ses souffrances, ni plaisir de ce qu’elle s’y étoit dérobée. Quesnel ne perdoit pas cette occasion de lui reprocher son refus à l’égard du comte Morano, qu’il affectoit de représenter comme riche et homme d’honneur ; il déclamoit avec véhémence contre ce même Montoni, auquel jusqu’à ce moment, il s’étoit