Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/92

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Dans un de ces momens de solitude, elle ouvrit une petite boîte qui contenoit les lettres de Valancourt, et quelques-unes des esquisses qu’elle avoit faites pendant son séjour en Toscane ; mais ces derniers objets l’intéressoient peu. Elle cherchoit dans ces lettres le plaisir de se retracer une tendresse qui avoit fait toute sa consolation, et dont la touchante expression lui avoit quelquefois fait oublier les chagrins de l’absence. Leur effet n’étoit plus le même ; elles augmentoient les angoisses de son cœur ; elle songeoit que peut-être Valancourt avoit pu céder au pouvoir du temps ou de l’absence ; et la vue même de son écriture lui rappela tant de souvenirs pénibles, que, ne pouvant achever la première lettre, elle resta la tête appuyée sur sa main, et donna cours à des flots de larmes. À cet instant la vieille Dorothée entra chez elle pour l’avertir que l’on dîneroit une heure plutôt. Emilie tressaillit en l’appercevant ; elle se hâta de ramasser ses papiers, mais Dorothée avoit remarqué son agitation et ses larmes.

— Ah ! mademoiselle, s’écria-t-elle ; vous qui êtes si jeune, avez-vous des sujets de chagrin ?

Emilie tâcha de sourire, mais elle ne pouvoit parler.