Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/94

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tion d’Emilie s’augmenta à un tel excès, qu’elle n’eut pas la force d’interroger Dorothée ; elle trembloit des réponses qu’elle pourroit lui faire, et ne put que lui demander si elle étoit certaine que ce portrait fût celui de la marquise.

— Ah ! mademoiselle, répondit-elle, comment m’eût-il frappée à ce point, s’il n’étoit pas l’image de ma maîtresse ? Ah ! ciel, ajouta-t-elle en reprenant la miniature, voilà bien ses yeux bleus, ce regard si caressant et si doux ! Voilà son expression quand elle avoit rêvé seule quelque temps, et que des larmes couloient sur ses Joues ; mais jamais elle ne voulut se plaindre ! Voilà cet air de patience et de résignation qui me fendait le cœur, et qui me la faisoit adorer !

— Dorothée, dit Emilie, je prends à cette affliction un intérêt plus grand que peut-être vous ne pouvez croire. Je vous demande de ne pas vous refuser davantage à satisfaire ma curiosité ; elle n’est pas frivole.

Emilie en disant ces mots, se rappela les papiers parmi lesquels s’étoit trouvé le portrait, et ne douta presque plus qu’ils ne fussent relatifs à la marquise de Villeroy. Mais cette supposition amena un scrupule. Elle craignoit que ce secret ne fût celui que son