fit comme une espèce de lit. Le chevalier déjà mieux, y fut posé doucement ; les guides soulevèrent le brancard sur leurs épaules, et l’on pensa que, plus exercés à ces chemins, leurs pas seroient plus sûrs. Quelques domestiques du comte avoient aussi reçu des blessures, mais elles n’étoient pas graves : on les banda, et ils furent en état de marcher. En passant dans la salle, on entendit de loin un tumulte effroyable ; Blanche fut alarmée. — Ce sont, lui dit Ludovico, tous ces coquins dans leur donjon. — Il semble qu’ils l’enfoncent, dit le comte. — Non, monsieur, dit Ludovico : la porte est de fer, nous n’avons rien à craindre d’eux : mais souffrez que j’aille devant, et que j’observe le dehors de dessus le rempart.
Chacun le suivit : les mules paissoient à la porte. On écouta ; mais l’on n’entendit rien que le murmure du torrent, et celui d’un vent léger qui siffloit dans les branches du vieux chêne. Les voyageurs virent avec joie les premières teintes du matin qui blanchissoient le sommet des montagnes : ils prirent leurs mules, Ludovico devint leur guide, et les mena au vallon par un chemin plus facile. Évitons les défilés de l’orient, dit-il ; les brigands, ce matin, ont pris par ce côté.