légère autour du rocher sur lequel elles se brisoient ; leur bruit monotone et les nuages obscurs qui se balançoient sur les rochers, rendoient la scène plus mystérieuse et plus analogue à l’état de son cœur. Cet état devint trop pénible. Emilie se leva brusquement ; elle traversa quelques ruines de la tour, et vit des lettres gravées sur une muraille ; elle s’approcha pour les examiner. Ces caractères paroissoient grossièrement gravés avec la pointe d’un canif, mais Emilie les connoissoit trop bien ; c’étoit la main de Valancourt, et elle les lut en tremblant.
Il étoit bien constant que Valancourt avoit visité cette tour ; il étoit même probable que c’étoit la nuit précédente, puisqu’elle avoit été orageuse, et que les vers décrivoient un naufrage ; il falloit même qu’il n’eût quitté que depuis peu ces ruines. Le soleil ne faisoit que de paroître, et il avoit fallu du jour pour tracer les caractères tels qu’ils étoient. Il étoit donc encore bien vraisemblable que Valancourt n’étoit pas loin.
Pendant que ces idées parcouroient avec rapidité l’imagination d’Emilie, tant d’émotions la combattirent, qu’elle en fut presqu’accablée ; mais son premier mouvement fut d’éviter une rencontre, et elle