Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/141

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paroître devant Emilie, et de renouveler ses instances en dépit de son malheur. L’orgueil cependant, la tendresse de son amour, qui ne pouvoit consentir à l’envelopper dans son infortune, avoient enfin triomphé de sa passion. Il avoit renoncé à ce projet, et avoit quitté le château de Blangy. Son imagination erroit encore sur les théâtres de son premier amour. En revenant en Gascogne, il avoit passé à Toulouse ; il s’y trouvoit quand Emilie y arriva. Il alloit dérober et entretenir sa douloureuse mélancolie dans les mêmes jardins où il avoit passé près d’elle des momens si heureux. Souvent, se rappelant avec de vains regrets le soir qui précéda son départ pour l’Italie, et la rencontre imprévue de la terrasse, il cherchoit à se retracer les paroles, les regards qui l’avoient enchanté, les raisons qu’il avoit fait valoir pour la détourner de ce voyage, et la tendresse de leurs derniers adieux. Il se livroit à ces souvenirs, quand, le soir de son arrivée à Toulouse, Emilie s’étoit tout à coup offerte à ses regards. Son émotion en la voyant peut à peine être imaginée ; mais il surmonta si bien la première impulsion de l’amour, qu’il évita de se découvrir, et sortit aussitôt. Cependant cette sorte de vision le poursuivoit sans relâche ; sa seule