Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/154

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jusqu’à l’arrivée de M. le comte. Je n’oublierai jamais ce que je sentis en l’apercevant ; je le crus presque perdu. Je savois que si je me montrois, les bandits alloient découvrir son nom ; et probablement nous tuer tous, pour empêcher qu’on n’éventât leur secret. Je me tins hors de la vue de monsieur, et je veillai sur les brigands, déterminé, s’ils projetoient quelque violence, à me montrer, et à combattre pour la vie de mon maître. Bientôt j’entendis disposer un infernal complot ; il s’agissoit d’un massacre total. Je hasardai de me faire connoître aux gens du comte ; je leur dit ce qu’on projetait, et nous délibérâmes ensemble. M. le comte, alarmé de l’absence de sa fille, demanda ce qu’elle étoit devenue. Les brigands, ne le satisfirent point. Mon maître et M. Sainte-Foix devinrent furieux ; nous pensâmes qu’il étoit temps ; nous fondîmes dans la chambre, en criant : Trahison ! M. le comte, défendez-vous. Le comte et le chevalier tirèrent l’épée au même instant. Le combat fut rude ; mais à la fin nous l’emportâmes, et M. le comté vous l’a mandé.

— C’est une singulière aventure, dit, Emilie : assurément, Ludovico, on doit bien des éloges à votre prudence et à votre