triste sujet de son voyage, et sachant qu’il étoit logé dans une auberge du hameau, il pria M. Dupont de l’aller chercher.
Dupont s’y prêta avec joie ; on leva tous les scrupules de politesse, et M. de Bonnac se rendit à l’invitation. Le comte, par ses soins, et son fils par sa gaîté, essayèrent d’écarter la tristesse qui paroissoit accabler leur nouvel hôte. M. de Bonnac étoit un officier attaché au service de France ; il paroissoit avoir environ cinquante ans ; sa taille étoit haute ; son port noble, ses manières distinguées, et sa physionomie étoit faite pour intéresser. Sa figure, qui paroissoit avoir été belle, portoit une empreinte de mélancolie qui sembloit provenir de longs chagrins plutôt que d’une disposition naturelle. Il fut aisé, pendant le souper, de remarquer l’effort qu’il se faisoit pour soutenir la conversation. Incapable, par intervalles, de surmonter son oppression, il retomboit dans le silence, il devenoit distrait. Le comte essayoit de le remettre, et la délicatesse, la bienveillance qu’il lui montroit, faisoient penser à Emilie qu’elle avoit son père sous ses yeux.
On se sépara de bonne heure. Quand Emilie fut retirée, les scènes dont elle avoit été témoin se retracèrent à elle avec une