Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/201

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C’étoit sur quelques lettres de la marquise, qu’en partant de la Vallée, Emilie vit pleurer son père ; c’étoit à son portrait qu’il avoit fait de si tendres caresses. Une mort si cruelle peut expliquer l’émotion qu’il témoigna, lorsque Voisin la nomma devant lui. Il voulut être enseveli près du monument des Villeroy, où étoient déposés les restes de sa sœur. Le mari de celle-ci étoit mort dans le nord de la France, et on l’y avoit enterré.

Le confesseur qui assista Saint-Aubert à son lit de mort, le reconnut pour le frère de la feue marquise. Par tendresse pour Emilie, Saint-Aubert le conjura de lui cacher cette circonstance, et fit demander la même grâce à l’abbesse en lui recommandant sa fille.

Laurentini, en arrivant en France, avoit caché très-soigneusement son nom. Quand elle entra dans le couvent, elle-même, pour mieux déguiser sa véritable histoire, fit circuler celle qu’avoit crue sœur Françoise. L’abbesse n’étoit point au couvent quand elle avoit fait profession, et toute la vérité ne lui étoit pas connue. Le cruel remords qui oppressoit Laurentini, le désespoir d’un amour frustré, l’amour qu’elle conservoit pour le marquis, avoient égaré son esprit.