Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertus du possesseur actuel pourront le préserver du châtiment réservé aux torts du premier, si réellement il étoit criminel.

— De quel crime le soupconne-t-on ? dit une demoiselle Feydeau, pensionnaire du couvent.

— Prions pour son âme, reprit une religieuse qui jusque-là avoit gardé le silence. S’il étoit criminel, sa punition dans ce monde a été suffisante.

Il y avoit dans le ton de ses paroles un mélange de sérieux et de singularité qui frappa singulièrement Emilie. Mademoiselle Feydeau répéta la question, sans prendre garde à l’entretien de la religieuse.

— Je n’ose pas dire quel fut son crime, répliqua la sœur Françoise. J’ai entendu des récits fort étranges au sujet du marquis de Villeroy. On dit, entr’autres, qu’après la mort de son épouse, il quitta le château de Blangy, et n’y revint plus. Je n’étais pas ici dans ce temps-là, je n’en puis parler que sur des rapports ; il y avoit très-long-temps, que la marquise étoit morte, et la plupart de nos sœurs n’en pourroient pas dire davantage.

— Moi, je le pourrois, reprit la religieuse qui déjà avoit parlé, et que l’on nommoit la sœur Agnès.