possession d’Emilie n’étoit plus. Un ami de M. Quesnel, qui résidoit à Venise, lui avoit envoyé le détail de la mort de Montoni ; on l’avoit mis en jugement avec Orsino, comme complice supposé de l’assassinat du noble Vénitien. Orsino fut trouvé coupable, condamné et exécuté sur la roue ; rien ne se trouva à la charge de Montoni et de ses amis ; on les relâcha tous, excepté Montoni. Le sénat vit en lui un homme fort dangereux, et pour divers motifs, on le retint en prison. Il y mourut d’une manière fort secrète, et l’on soupçonna que le poison avoit hâté la fin de sa vie. La personne dont M. Quesnel avoit reçu cette information, ne lui laissoit aucun doute sur sa sincérité. Celui-ci disoit donc à Emilie qu’il suffisoit de réclamer les biens de sa tante pour se les assurer, et ajoutait qu’il l’aideroit à ne négliger aucune formalité. Le terme du bail de la Vallée étoit presqu’expiré ; il le lui apprenoit, et lui donnoit le conseil de se rendre à Toulouse ; il se proposoit d’aller l’y trouver, elle s’assureroit par-là de la propriété de ses biens ; il l’instruisoit de toutes les précautions légales, et il jugeoit nécessaire qu’elle se rendît à Toulouse, dans trois semaines.
L’augmentation de la fortune d’Emilie