toient à terminer. Le peu d’intérêt que M. Quesnel prenoit à elle n’occupa pas long-temps les pensées d’Emilie ; elles se reportèrent aux personnes qu’elle avoit vues jadis dans ce château, et surtout à l’imprudente et infortunée madame Montoni ; elle avoit déjeûné avec elle dans cette même salle, le matin de son départ pour l’Italie. Cette salle lui rappeloit plus fortement tout ce qu’elle-même avoit souffert dans ce moment, et les riantes espérances dont sa tante se repaissoit alors. Les yeux d’Emilie se tournèrent par hasard sur une large fenêtre ; elle vit le jardin, et le passé parla plus vivement à son cœur ; elle vit cette avenue où, la veille du voyage, elle s’étoit séparée de Valancourt. Son anxiété, l’intérêt si touchant qu’il témoignoit pour son bonheur, les pressantes sollicitations qu’il lui avoit faites pour qu’elle ne se livrât pas à l’autorité de Montoni, la vérité de sa tendresse, tout revenoit à sa mémoire. Il lui parut presque impossible que Valancourt se fût rendu indigne d’elle ; elle doutoit de tous les rapports, et même de ses propres paroles, qui confirmoient celles du comte de Villefort. Accablée des souvenirs que la vue de cette allée lui causait elle se retira brusquement de la fenêtre, et se jeta dans un fauteuil, abî-
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