Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/97

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une ligne de plus de trente lieues ; alors, suivant le cas, les armées embusquées sortent des citadelles ou des forêts, pour défendre l’entrée de quelque passage, ou s’établir sur les hauteurs d’où elles fondent sur l’ennemi surpris. Les anciens forts, les tours d’observation, qui tiennent aux grandes passes des Pyrénées, sont gardés avec beaucoup de soin. Plusieurs de ceux du second ordre ont été négligés, et sont devenus pour la plupart l’habitation paisible, soit du chasseur, soit du berger. Après une journée fatigante, le soir, avec ses chiens fidèles, il revient auprès d’un bon feu goûter le fruit de sa chasse, ou compter son troupeau qui ne redoute plus l’intempérie de la nuit.

— Sont-ils toujours aussi paisiblement habités ? dit Blanche.

— Non, reprit le comte ; quelquefois ils sont l’asyle des contrebandiers espagnols ou français. Ces bandits font dans ces montagnes un commerce immense : les premiers surtout sont nombreux ; et l’on envoie souvent des troupes pour les détruire. Le courage désespéré de ces aventuriers, qui n’attendent que le supplice, ajoute à la force de leurs armes, et ils bravent les soldats. Mais comme leur objet principal est de vi-