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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Y avait-il donc à surprendre quelque chose chez les Orgel ? Mahaut le donna à penser.

— Je sors, dit-elle.

Anne fut stupéfait de cette décision intempestive.

— Mais vous savez bien que l’auto n’est pas là !

— J’ai envie de marcher. D’ailleurs j’avais complètement oublié tante Anna. Elle m’en voudrait.

Anne d’Orgel fit le visage stupide des comédiens qui expriment l’étonnement. Cet étonnement était sincère, mais il l’exagérait. Il ouvrit de gros yeux, comme on lève les bras au ciel. Sa contenance signifiait si clairement : « Ma femme est folle, je ne sais pas ce qu’elle a, ni pourquoi elle ment », que François de Séryeuse en fut mal à l’aise.

Anne d’Orgel cherchait encore à la retenir lorsque Mahaut, tout d’un coup, regarda la porte, comme un chien flairant un danger, alors que son maître

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