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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

s’effraya pas de l’état particulier où elle se trouvait car elle estimait naturel d’être à l’unisson avec Anne. Or la distraction d’Anne venait de ce que seul avec sa femme, il glissait vers la mélancolie. Ce n’était pas la faute de son cœur, mais Anne d’Orgel n’était à l’aise que dans une atmosphère factice, dans des pièces violemment éclairées, pleines de monde.


Paul et François ne se turent pas une minute. Chacun abandonnait une partie de sa personnalité, s’efforçait de ressembler à l’autre. C’était à qui cacherait son cœur. Ils prenaient le masque des personnages des mauvais romans du XVIIIe siècle dont les Liaisons dangereuses sont le chef-d’œuvre. Chacun de ces complices dupait l’autre en se noircissant de crimes qu’il n’avait pas commis.

Paul n’osait interroger au sujet des Orgel. Il attendait qu’on lui parlât d’eux.

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