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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Marne. Cette scène avait blessé François : dans les dispositions de cœur où il se trouvait ce soir-là, elle fut décisive.

Mme  de Séryeuse n’avait jusqu’ici joué dans la vie de son fils, que le rôle qu’y joue forcément une mère. François n’était nullement mauvais fils ; mais leur caractère poussait ces deux êtres, nous l’avons dit, à ne se rien confier qui eût de la valeur. La scène du train, par un zigzag dont les âmes les moins compliquées sont coutumières, mena François à penser à Mme  de Séryeuse. Cette honte de la fille et de la mère le poussa à examiner les sentiments qu’il tirait, lui, de sa famille.

François de Séryeuse était fier. Fier de son nom. L’était-il par piété envers ses ancêtres, ou par pur orgueil ? C’est ce qu’il aurait voulu savoir. La noblesse des Séryeuse était de peu d’éclat. Mme  de Séryeuse, elle, était une grande dame, qui à cause de la

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