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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

tains sentiments dont il n’eût fait confidence à personne. Mais dans sa nouvelle manie de pureté, il allait trop loin… jusqu’à l’hypocrisie.

François, aimant déjà Mme  d’Orgel, craignait de lui déplaire. Et c’était pour ne pas lui déplaire qu’il ne pensait pas à Mahaut ; car il ne trouvait encore aucune de ses pensées digne d’elle.


L’amour venait de s’installer en lui à une profondeur où lui-même ne pouvait descendre. François de Séryeuse, comme beaucoup d’êtres très jeunes, était ainsi machiné qu’il ne percevait que ses sensations les plus vives, c’est-à-dire les plus grossières. Un désir mauvais l’eût bien autrement remué que la naissance de cet amour.

C’est lorsqu’un mal entre en nous, que nous nous croyons en danger. Dès qu’il sera installé, nous pourrons faire bon ménage avec lui, voire même ne pas soupçonner sa présence. François

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