Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/123

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Il goûta chez les Orgel le lendemain. Il sentit alors que son amitié pour Anne était intacte. Cette amitié était plutôt la turbulence d’un cœur naïf. Il s’était dit tout le long du chemin : « J’aime Mahaut » et s’attendait à éprouver en face d’elle quelque chose d’extraordinaire. Mais il se sentait calme. « Me serais-je trompé, pensa-t-il, n’aurais-je que de l’amitié pour Anne, rien pour sa femme ? »


On peut dire que les idées de François sur l’amour étaient toutes faites. Mais parce que c’est lui qui les avait faites, il les croyait sur mesure. Il ne savait pas qu’il ne se les était coupées que sur des sentiments sans vigueur.

Ainsi François, jugeant de son amour d’après des précédents, jugeait mal.

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