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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

tant que dans la séparation il devrait être plus facile de se déguiser. C’est juste le contraire. Mme d’Orgel ne soupçonnait certainement pas le ton de ses lettres. Souvent elles rendaient François plus heureux que si Mahaut eût été là. Certes elles n’allaient pas jusqu’à lui donner le moindre espoir, mais il y circulait un air de franchise, de confiance, dont François se disait, pour se l’expliquer, qu’il ne peut régner à Paris. François loin d’elle, Mahaut ne se surveillait plus et d’autant moins, qu’inconsciemment heureuse de ce commerce épistolaire qui lui donnait plus de plaisir qu’une présence, elle croyait devoir ce bonheur à celui qui était là, au comte d’Orgel. Aussi Anne n’avait-il jamais eu tant à se louer de sa femme.

Il l’aimait d’autant mieux qu’il la sentait plaire à tous les Viennois, appelés par leurs cousins pour fêter les Orgel de France.

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