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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

triste. Il avait l’air mal sorti de son sommeil d’été.

Mahaut était seule. Au nom de Séryeuse elle se leva, fit quelques pas vers lui, comme en peut faire quelqu’un frappé par une balle. François lui baisa la main, comme s’il l’avait vue la veille. Je pouvais l’embrasser, pensa-t-il. C’est sous cette forme qu’il se traduisit : « Anne n’est pas là ». En effet, ce fut son absence qui le dérangea. Anne d’Orgel présent, il eût embrassé Mahaut.

Anne était à une partie de chasse et ne devait revenir que le lendemain. Elle ne l’avait pas suivi, fatiguée du voyage.

François regardait à peine Mahaut. Il inspectait le salon. Il cherchait une cause matérielle à son malaise. Il s’était fait une telle fête de cette minute ! Avait-il changé ? Aimait-il encore ? Il ne retrouvait plus la chaleur de cette pièce.

— C’est dommage qu’il pleuve, et que nous ne puissions être dans le jardin, pensa-t-il à haute voix.

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