Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mme d’Orgel vivait dans une torture constante. Elle se sentait trop loin de son mari pour en espérer du secours. Elle eût trouvé bien plus naturel de s’adresser à François. Sa pudeur ne s’y pouvait résoudre. Comment lui dire ce qu’elle attendait de lui, sans avouer ce qu’il ne devait jamais savoir ?

Sa personne tout entière reflétait le cruel combat dont elle était le théâtre. Elle n’avait plus sa bonne mine, et François, lui, était loin de se douter qu’il causait cette pâleur. Son amour grandissait encore. « Elle n’a pas l’air heureuse, pensait-il, pourquoi donc ? Elle aime Anne. Sans doute il ne l’aime pas comme elle le voudrait. » Et, de son amour et de son amitié combinés, résultait un état si étrange, qu’il résolut

— 182 —