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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Mme de Séryeuse en voulait à Mahaut de n’avoir pas arrêté son élan, se retournait contre elle, en venant à la soupçonner de mensonge. Dans son injustice elle l’accusa même de s’être servie d’elle pour faire savoir à François qu’il était aimé. François n’était pas loin de ce point de vue, dans son ivresse. Le bonheur lui masquant tout, il ne vit pas une seconde dans quel dessein Mme d’Orgel avait écrit cette lettre. Il s’extasiait presque sur l’ingéniosité que donne l’amour.

Après avoir lu et relu cette lettre, François la rangea le plus naturellement du monde dans son portefeuille.

— Et tu l’as vue ? dit François. Qu’avez-vous dit ?

— Je dois avouer, termina Mme de Séryeuse, que je n’ai pas la grandeur d’âme de cette personne. À l’entendre tu es innocent, elle est la seule coupable. Moi, je considère que tu l’es au moins autant qu’elle. Tu comprends bien que

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