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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

croyant pas lui pouvoir donner une preuve d’amitié plus forte que de le mettre toujours en vedette, le consultait à propos de rien. Paul, vexé du silence qui l’entourait, ne se doutait pas du bonheur avec lequel François lui aurait cédé sa place.

Tout le monde était d’accord sur ce point, qu’un bal costumé dégénère en carnaval si on ne lui impose pas une directive. Il fallait un sujet d’ensemble. C’était sur ce sujet que l’on s’entendait moins bien. On sentait l’orage dans l’air. Si l’on ne m’écoute pas, pourquoi m’avoir appelé, pensait chacun, prêt à donner sa démission.

Anne d’Orgel se démenait comme un diable, pour ménager ces susceptibles. Mahaut le désespérait. « Je ne suis pas secondé », pensait-il. En effet Mme d’Orgel, à l’écart des disputes, continuait de s’entretenir avec Naroumof.

Le prince, malgré son désir de se mettre dans la ronde, était un peu

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