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Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/259

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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Naroumof dans le vestibule, puis remonta, rangea les étoffes une à une. Il espérait ainsi arriver trop tard, et que Mahaut fût endormie.


Par une de ces ironies dont le sort aime à nous accabler, Mme d’Orgel n’avait jamais attendu Anne avec autant de hâte. Elle souffrait de cette impatience qu’il n’est naturel d’éprouver qu’en face du bonheur. Ce moment tragique des aveux, elle ne pouvait l’attendre, elle eût voulu aller au-devant de lui. Sans doute, n’avait-elle plus aucune confiance en elle-même et voulait-elle qu’on la forçât ; mais n’y avait-il pas aussi dans sa hâte un peu de ce besoin instinctif de punir une inconscience dont la scène du chapeau n’avait été qu’une image d’un sou ?


Anne d’Orgel entra. Il s’assit auprès du lit de sa femme.

D’abord, il voulut lui donner, sous

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