Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/37

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blait presque une offense à ses espoirs brisés.

Mahaut grandissait à la Verberie comme une liane sauvage. Sa beauté, son esprit ne naquirent pas en un jour, mais plus sûrement. C’était chez la vieille négresse Marie, que l’on se prêtait chez les Grimoard comme un objet de famille, que Mahaut trouvait de la vraie tendresse ; une tendresse subalterne, c’est-à-dire celle qui ressemble le plus à de l’amour.

Après la Séparation, il fallut bien élever Mahaut à la Verberie même. Ce fut aux mains d’une vieille fille sans fortune, et d’une excellente famille de province, que passa Mlle Grimoard. Sa mère somnolait toute la journée ; le seul soin que prit d’elle son père fut de lui apprendre que personne n’était digne d’une Grimoard. Mais la fraîcheur de ses premières enfances, elle la retrouva en épousant, à dix-huit ans, le comte Anne d’Or-