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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

amis. Cependant ils croyaient s’être liés à cause de leurs ressemblances. C’est-à-dire que leur amitié les poussait à se ressembler, dans la limite du possible.

L’idée fixe de Paul Robin était d’« arriver ». Alors que d’autres ont le travers de croire qu’on les attendra toujours, Paul trépignait en pensant qu’il allait manquer le train. Il croyait aux « personnages » et que l’on peut jouer un rôle.

Débarrassé de toute cette niaise littérature, invention du XIXe siècle, quel n’eût pas été son charme !

Mais ceux qui ne sentent pas les qualités profondes et se laissent prendre aux masques, n’osent s’aventurer par crainte de sables mouvants. Paul croyait s’être réussi une figure ; en réalité, il s’était contenté de ne pas combattre ses défauts. Cette mauvaise herbe l’avait peu à peu envahi et il trouvait plus commode de faire penser

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